par George Sadowsky, sadowsky@nyu.edu
Traduit de OnTheInternet, nov/déc 96, une publication interne de l'ISOC,
avec la permission de l'auteur et celle de l'éditeur.
Introduction
Tous les pays sont confrontés à des défis majeurs. Au-delà de ces défis, s'ouvre, pour les populations, la possibilité d'être en bonne santé, de suivre une bonne scolarité, d'avoir un logement, un travail, un revenu suffisant pour leurs besoins, d'être en sécurité en tant qu'individu protégé par la loi et en tant que nation. Chaque pays à sa propre conception de la manière d'atteindre ces objectifs mais tous sont d'accord sur ce que doivent être les objectifs.
L'expansion rapide de l'Internet est porteuse d'espoir non négligeables pour les pays en voie de développement au travers des possibilités de communication et de circulation de données offertes par le réseau. La transition accélérée de l'information mondiale vers des médias électroniques rend cette information accessible à un nombre croissant d'individus, par le biais de l'Internet. Les pays en voie de développement ont beaucoup à gagner de cette forme révolutionnaire d'accès. Contrairement aux pays développés, où les structures permettant la délivrance des informations, des services et des produits sont bien établies, les alternatives disponibles dans les pays en voie de développement sont généralement lentes, chères voire inexistantes.
Les possibilités de communication et de délivrance d'informations inhérentes à l'Internet sont profitables à tous les secteurs de la société. L'éducation, la santé, la politique sociale, le commerce, les affaires, les structures gouvernementales, l'agriculture, les communications, la science ou la technologie sont servies par un bon accès à l'information et chaque individu tire parti du courrier électronique. Ces aspects sont interdépendants : les individus peuvent consulter les sources d'information concernées, elles renvoient souvent à leur tour vers d'autres sources et d'autres personnes disposant de savoirs.
La correlation entre l'information, la communication et le développement économique est bien connue et l'utilité des réseaux évidente. Le travail en réseau est un mode d'échange d'information et de communication puissant, rapide et à bas prix. L'arrivée des réseaux voit se mettre en place, quasi-spontanément, une collaboration précédemment limitée. Il semble qu'il existait déjà un besoin latent n'ayant pu être satisfait en raisons des problèmes posés par la lenteur du courrier, la retranscription permanente du courrier ou du fax, l'importance de l'investissement nécessaire ou encore le besoin d'autorisation pour les déplacements internationaux.
Les efforts de développement, dont nombre d'entre eux sont économiquement intéressants ainsi que la recherche scientifique dépendent désormais de façon cruciale de la possibilité de travail collectif. Le développement de l'économie passe autant par la présence de clients que par la facilité d'accéder à l'information, au personnel d'assistance ou de vente. L'accès aux réseaux facilite la présence de la communauté aidant au développement, consitutuée des représentants des agences internationales, du personnel des organisations non gouvernentales et de celles qui interviennent localement ou d'une manière plus large. De plus, beaucoup d'universités dans les pays en voie de développement se concentrent sur des aspects pouvant contribuer directement au développement de l'économie. La connexion des administrateurs, des professeurs et des élèves en est d'autant plus importante.
Enfin, cela c'est vérifié récemment dans un certains nombre de pays, l'influence de la circulation libre des informations sur le mouvement vers la démocratie ne peut être évité. L'accès à l'information affecte les efforts de démocratisation politique tant au niveau global qu'à l'intérieur des nations. Le besoins est clair pour les pays en voie de développement dans lesquels l'essentiel des médias est contrôlé par l'état et l'accès aux réseaux est réellement limité.
Les pays en voie de développement et le développement
Qu'est-ce qu'un pays en voie de développement ?
Le problème majeur que l'on rencontre lorsque l'on s'intéresse aux pays en voie de développement vis-à-vis de l'application des technologies informatiques, c'est que ces pays forment en fait un groupe relativement hétérogène. Ils diffèrent largement, à la fois en fonction de la façon dont ils ont introduits la technologie des ordinateurs et des réseaux et en fonction de l'existance d'une infrastructure locale nécessaire pour l'exploitation de cette technologie. Par conséquent, toutes les recommandations ne peuvent pas s'appliquer globalement, ni avoir un sens identique, d'un pays à l'autre.
Un pays peut être considéré en voie de développement sur la base d'un certain nombre de critères, généralement ceux qui permettent d'accorder ou non les aides au développement des agences multilatérales ou bilatérales. Quelques pays ont toutefois été classés en voie de développement par une agence, développés par une autre. Il y a des cas de pays ayant différé sur tous les aspects du statut accordé par les agences de développement.
Cependant, en élargissant le contexte, la plupart des pays possèdent des zones développées et d'autres en voie de développement. Habitant aux Etats-Unis et travaillant à New York, je peux constater les différences qui existent dans mon pays, au niveau régional ou au niveau rural, ce qui me permet d'identifier des régions développées, des régions en voie de développement et même des régions sous-développées et non forcément en voie de développement. On retrouve cette répartition dans la plupart des pays.
Dans ce contexte, l'extension de l'accès à l'Internet dans les régions en voie de développement sous-entend une travail dans la plupart des nations du monde. Plus que le statut accordé à un pays, c'est l'amélioration potentielle qui résulterait d'une connectivité Internet qui est la plus significative. Le rôle joué par l'état est très important car le fait que le gouvernement n'accède pas à l'Internet a une répercussion dans l'ensemble du pays.
Les problèmes rencontrés par les pays en voie de développement
Tout projet de d'introduction du travail en réseau dans les pays en voie de développement nécessite de prendre en compte une multitude de facteurs, qui pour la plupart, ne posent généralement pas de problèmes dans les pays plus développés.
Les facteurs déterminant le taux de pénétration et d'utilisation de l'informatique et des réseaux sont à la fois internes et internes. Les facteurs internes se rapportent aux ressources physique et humaines du pays, leur niveau et leur taux de croissance. Les facteurs externes regroupent aussi bien la motivation des fournisseurs à faire des affaires localement que la disponibilité et le montant d'une assistance internationae pour le transfert des technologies.
L'état de l'infrastructure de communication est crucial. Les liaisons internationales ou locales peuvent être absentes ou bien manquer de fiabilité ; l'équipement nécessaire peut s'avérer difficile à obtenir ou à réparer ; la distribution électrique peut être défectueuse. Les ordinateurs et les périphériques indispensables peuvent manquer ou ne pas convenir. La faiblesse des moyens de transports ou des voies de communication peuvent accentuer le retard.
Si les compétences nécessaires pour établir et exploiter une liaison internationale
et un réseau national varient avec le type et la complexité des connexions, elles impliquent toujours la maîtrise du hardware des ordinateurs et celle des protocoles. Il faut connaître la manière d'administrer un
réseau et la manière de le concevoir, qu'il soit local ou à grande échelle. Il est également indispensable de savoir mettre en oeuvre les services du réseau et diffuser les informations à travers le réseau,
indépendamment du sujet traité. Certains aspects culturels entrent aussi en ligne de compte pour déterminer comment acquérir et utiliser les connaissances. Il est
important de savoir réagir aux opportunités offertes par le système éducatif, par l'éhique du travail, l'emploi et de connaître les critères de production, de productivité et de réussite pour favoriser
l'acquisition et l'accumulation des connaissances.
Les spécialistes sont en général, dans les pays en voie de développement, peu nombreux, voire inexistants. La fuite des cerveaux vers des marchés d'emploi meilleurs accentue a pénurie des ressources nécessaires à l'exploitation de la technologie.
Dans les pays en voie de développement, la rareté de l'information est un obstacle majeur et des plus insidieux à surmonter pour l'exploitation effective de l'informatique et des autres technologies. Le manque d'informations pertinentes sur les pays ou les environnements avoisinants est souvent ignoré et, en l'absence de renseignements récents, des techniques et des procédures dépassées continuent d'être employées sans conscience des alternatives.
La plupart, mais non la totalité, des pays en voie de développement sont relativement pauvres comparés au pays développés. Ils souffrent à la fois du manque d'actifs financiers et de la faiblesse du revenu national. Leurs économies sont sujettes à de grandes fluctuation en fonction de facteurs qui échappent à leur contrôle. Quelques-uns ne sont viables qu'avec une aide au développement soutenue.
De nombreux pays en voie de développement bénéficient des retombées de l'assistance directe dans le transfert des technologies informatiques. La participation des entreprises privées peut être bénéfique, encore faut-il mettre en oeuvre une politique capable de les encourager à entrer sur les marchés locaux. Les investissements privés étrangers dans les hautes technologies s'accompagnent souvent d'un flux d'informations significatif et de possibilités de formation.
Des freins particuliers peuvent se présenter. La décision d'investissement en matière de réseaux est parfois retardée au profit d'autres activités qui paraissent moins coûteuses, à cause de la pauvreté de l'information, de la faiblesse financière et de la perception biaisée des coûts et des avantages du travail en réseau. Il arrive fréqemment que les autorités chargées des télécommunications se montrent peu favorables ou même hostiles.
Potentiel de l'Internet
Quels sont les enjeux ?
Il y a 30 ans, lorsque furent entreprises les recherches sur la commutation de paquets, les applications des réseaux semblaient limitées au partage des ressources et à la robustesse des communications militaires. Le principe initial d'adressage n'autorisait que 250 hôtes (hosts, ndt)au plus. Personne ne prévoyait alors que la technologie de commutation de paquets deviendrait utile à un grand nombre de personnes et d'applications.
Les enjeux de l'Internet se sont rapidement étendus. Aujourd'hui encore, l'Internet n'est utilisé que par une petite minorité de la population mondiale, mais il de plus en plus certain dans les pays développés, que cette utilisation va s'accroître rapidement pour devenir quasiment omniprésente et que la vie de la presque totalité des habitants en sera impactée d'une manière ou d'une autre. Cela sera vrai aussi dans les pays en voie de développement, pour toutes les régions du monde, mais avec un décalage dans le temps. Les enjeux de l'évolution continue et du succès de l'Internet toucheront, à moyen ou à long terme, la totalité de la population planétaire.
L'entrainte mutuelle des pays en voie de développement
Depuis quelques temps, les pays en voie de développement cherchent à se regrouper pour se soutenir mutuellement dans leurs efforts de croissance. Des expériences réussies dans un pays peuvent être reprises dans d'autres ; la difficulté étant, pour les pays bénéficiaires de reconnaître des projets similaires et de disposer des informations pertinentes pouvant les aider.
John Woolston, Kate Wild et Faye Daneliuk initèrent un développement significatif dans cette direction à l'IDRC au milieu des années 70. Woolston arrivait juste de l'IAEA, l'Agence Internationale pour l'Energie Nucléaire de Vienne (Autriche) où il avait participé à la mise en place du premier système international pour la recherche d'informations concernant l'énergie nucléaire.
L'équipe de l'IDRC avait conceptualisé un système nommé DEVSIS -Development
Information System. Chaque pays en voie de développement transférait sur une bande d'ordinateur les informations importantes pour le développement, à un format bibliographique standard. Les informations
étaient régulièrement consolidées en un point central puis redistribuées à chaque contributeur. Chaque pays en développement pouvait consulter la base de données globale et faire des recherches à partir de mots-clés.
Deux réalisations durables avaient émergé de cet effort : MINISIS, une version du système ISIS de l'UNESCO, tournant sur un ordinateur HP3000, pour l'implémentation des noeuds DEVSIS, et PADIS -Pan-African Dissemination of Information System- qui continue de fonctionner à l'United Nations Economic Commission for Africa à Addis Abéba (Ethiopie) et qui fut le premier noeud régional DEVSIS.
Le système des Nations Unies s'appropria cette approche plus tard, au début des années 80, avec la constitution du projet TCDC -Technical Cooperation among Developping Countries. Cependant, pour que ce système fonctionne correctement, il fallait d'une part un groupe réparti pour la collecte des données et d'autres part, une responsabilité centrale pour les opérations d'échange d'informations. L'Internet apparaît comme une solution qui nécessite moins de collecteurs et permet de se passer de coordination centrale, tout en fournissant une solution peu chère, un accès effectif et un partage croissant des connaissances mondiales.
Position particulière de l'Afrique
De tous les pays en voie de développement, l'Afrique se révèle être le moins équipé en matière de réseaux. La progression aété lente pour un certain nombre de raisons : une histoire marquée par le colonialisme jusqu'à une période récente, de faibles infrastructures physiques et sociales, un schéma de communication orienté vers les puissances colonisatrices plutôt qu'intra-africain, grandes distances, absence de gouvernement stable se sont combinés pour retarder le développement des régions et l'intrduction de l'Internet.
S'intéresser maintenant à l'Afrique est valable pour deux raisons : le travail en réseau continue d'y être sous-développé en regard du reste du monde en voie de développement ; les retombées potentielles de la croissance des réseaux sont importantes. La faiblesse de l'équipement en réseaux à été compris à l'intérieur de l'Afrique, la motivation pour changer cette situation va en grandissant, c'est une indication que le moment de l'expansion des réseau en Afrique est arrivé. Les efforts fait à la base pour organiser les réseaux publics sont sont imités à travers tout le continent et les réseaux à accès restreints (intranets, ndt) sont également en augmentation. L'intérêt de la communauté internationale se manifeste pas la création de l'African Internet Forum et des initiatives comme l'USAID's Leland indiquent clairement qu'une assistance internationale est sur le point de se manifester.
La progression des réseau africains est l'espoir d'une meilleure qualité de vie pour un nombre significatif d'africains. Lorsque des institutions fournissant des services, médecins, fonctionnaires del'agriculture, éducateurs, etc et les individus sont reliés, les services peuvent être rendus avec une meilleure connaissance du pays, de la région et de l'extérieur. Etant donné la progression du commerce sur l'Internet, le potentiel de création d'une économie locale n'est pas négligeable. Le commerce peut bénéficier du potentiel offert par la communication informatique. Cette opportunité incite fortement les organisations qui ont besoin de communication internationale à rejoindre le réseau.
Qestions soulevées par la progression de l'Internet et de la culture occidentale
La culture de l'Internet trouve ses racines dans la communauté des chercheurs d'Amérique du Nord. Elle est empreinte d'une large liberté d'expression et d'une idée de partage des informations. L'élément de liberté s'est développé à mesure que les moyens -déplaisants pour certains- étaient créés et mis à la disposition des utilisateurs du Net.
Les nations, les gouvernements et les cultures diffèrent sur l'appréciation des moyens qui peuvent être mis à la disposition des personnes. Même si en Amérique du Nord, la liberté d'expression n'est pas un droit absolu, indépendant des circonstances, les lois et les cultures permettent une expression sur un large spectre de sujets. D'autres gouvernements ou d'autres cultures ont des points de vue différents sur la façon de définir ce qui est acceptable. La technologie favorise la libre expression, car aucun contrôle hormis le plus draconien, ne peut empêcher quelqu'un, n'importe où dans le monde, d'accéder à l'Internet. Le gouvernement de Myanmar est actuellement un cas extrême en punissant sévèrement la non-déclaration des fax et des modems. On peut supposer que la déclaration de ce matériel équivaut à une surveillance potentielle ou effective par les gouvernements de ce qui est transmis. Bientôt, avec le développement des services Internet pas satellites, les gouvernements ne seront plus en mesure de contrôler l'ensemble des accès au Net.
Réciproquement, ceux qui sont issus de la culture occidentale devraient écouter les inquiétudes exprimées par les gouvernements. Certains d'entre-eux voudraient seulement limiter l'entrée de la pornographie dans leur pays et accepteraient les autres contenus, y compris la critique du régime. Si nous sommes certains de détenir la vérité universelle, alors nous pouvons ignorer de telles inquiétudes. Si nous adoptons un point de vue que la culture est relative, qu'il y a des aspects méritant d'être respectés dans d'autres cultures alors, nous devons aborder différemment ces inquiétudes. Les occidentaux sont attentifs à ne pas se retrouver sur une pente savonneuse qui ferait qu'en admettant la moindre possibilité de censure, ils ne seraient plus en mesure de contrôler ce qui serait interdit dans le futur. On peut se demander jusqu'à quel point cela est vrai et jusqu'à quel point de telles considérations empêcheraient un gouvernement désirant limiter l'information, de le faire sans se soucier des réactions du public.
Des inquiétudes sont apparues, dans certains pays non anglophones, à propos de ce que l'Internet est, implicitement ou explicitement, un moyen de promotion de la langue anglaise. Cela est vrai, si l'on considère que les racines nord américaines de l'Internet et le développement initial qui s'est produit dans les mêmes régions font du réseau et du World Wide Web en particulier, un médium d'expression anglaise. Il est vrai aussi que le jeu de caractères ASCII, utilisé dans le courrier électronique a encouragé l'usage des langues qui utilisent l'alphabet anglais.
A long terme, l'Internet et le Web favoriseront probablement d'autres langues. Si le Net doit être utile au plus grand nombre de peuples, alors, la langue employée sur le Net dans un pays, doit être la langue locale écrite à l'aide de l'alphabet local. Cela est re exprimé à la fois par les états et les entreprises, qui ne voient la possibilité d'expansion du marché dans les pays qu'avec la localisation des textes et la possibilité de représentation d'alphabets multiples.
Si nous avons de la chance, un standard tel qu'UNICODE prévaudra. Chaque alphabet utilisé aujourd'hui aura une représentation et un rendu spécifique. A l'inverse de ce qui s'est passé avec le courrier électronique du début, le web supporte UNICODE et il y a une croissance de l'activité autour du marché des navigateurs UNICODE. En supposant que de telles implémentations multi-alphabets se répandent largement, la porte est ouverte pour des contenus créés localement, observables globalement et servant à la fois les nations et des diverses communauté éparpillées autour du monde.
Le rôle de l'Internet Society
Assister pour la diffusion de la technologie et de ses avantages
Lorsqu'on lui demande à quoi sert l'Internet Society, Vint Cerf 1 réponds quelquefois, "A
amener l'Internet là où aucun réseau n'est jamais allé avant ". La formule, reprise de la série de télévision Star Trek, est un peu humoristique, mais l'intention sous-entendue est tout à fait sérieuse. Le
premier rôle de l'Internet Society est de travailler dans le but d'avoir au moins un point de présence de l'Internet dans chaque pays ou territoire du monde.
La formule de Cerf va plus loin. Pour le Net, aller à un endroit géographique est seulement le premier pas. Lorsque l'Internet est en place, il peut "aller" à d'autres tâches dans ce pays, là où aucun réseau n'est jamais allé avant : aider le pays à disposer de ressources pour l'enseignement primaire, secondaire et universitaire ; aider les professionnels de la santé à s'informer de la manière de dispenser de meilleurs traitements ; aider les producteurs à comprendre les marchés internationaux pour y vendre leurs produits et faire des affaires sur le Net ; assister les scientifiques du pays à maintenir une collaboration avec leurs collègues internationaux ; fournir au pays un moyen pour présenter sa culture et assister le gouvernement du pays à formuler et à mettre en place sa politique économique et sociale.
Les avantages –et les problèmes– liés à la connectivité Internet seront explorés d'abord dans les pays développés comme les Etats-Unis. Lorsque nous apprenons ce que sont les avantages durables, nous devons travailler pour s'assurer que ces avantages deviennent connus des autres pays et que ceux-ci apprennent à les exploiter à leur profit.
1 Vint Cerf est un membre influent de l'Isoc et est un des véritables pères de l'Internet (Ndt).
L'atelier Pays en Voie de Développement
L'atelier "Pays en Voie de Développement" est une manifestation concrète de ce que l'Internet Society a fait pour intégrer les objectifs mentionnés ci-dessus. Depuis 1993, environ 750 participants venant d'une centaine de pays ont été entraînés aux différents aspects de la technologie des réseaux et sont retournés dans leurs pays pour faciliter l'introduction et l'évolution de l'Internet chez eux. De septembre 1993 à septembre 1995, chaque nouveau pays connecté à l'Internet a été assisté par l'un des diplômés de l'atelier.
L'atelier, formellement intitulé le Network Training Workshop for Countries in the Early Stages of Internetworking 1, s'est d'abord tenu en août 1993 à l'Université de Stanford en conjonction avec INET'93 2 à San Francisco. Depuis, il s'est tenu à Prague en République Tchèque en 1994, à Honolulu en 1995 et à Montréal au Canada en 1996. Le prochain atelier est prévu pour se tenir à Kuala Lumpur en Malaisie en juin 1997.
L'atelier est passé de 126 participants et 15 instructeurs en 3 sessions, en 1993, à 250 participants, et près de 40 instructeurs en 6 sessions, en 1996. Depuis le début, les instructeurs sont des bénévoles, consacrant une partie de leurs vacances pour participer à cette activité. Chaque année, un ou plusieurs instructeurs sont des d'anciens élèves, ce qui fait que la majorité des instructeurs sera bientôt issue des pays en voie de développement.
Le support de l'atelier a été assuré par le budget de la conférence INET de l'Internet Society et par le sponsoring d'un grand nombre d'entreprises et d'organisations. Un très grand nombre d'équipements est donné chaque année pour aider le processus de formation. Nous avons la chance que les intérêts des firmes dans le commerce des réseaux coïncident entièrement avec nos propres intérêts dans la formation. Et chaque année, nous avons pu profiter de l'invitation d'une institution locale généreuse –l'Université de Stanford, l'Université Technique Tchèque, l'Université de Hawaii et l'Université McGill– qui a donné substantiellement en termes de locaux et d'efforts pour faire de l'atelier, un succès.
La popularité de l'atelier reflète le fait que la formation est une part essentielle de ce qui est nécessaire au pays en voie de développement pour franchir les étapes de l'introduction, de la progression et de l'exploitation de l'Internet. Les participants sont choisis sur leur capacité à faire le travail, leur habilité à influencer la progression de l'Internet dans leur institution et leur pays, et sur l'influence que possède leur institution pour la progression de l'Internet dans leur pays. Les participants sont choisis souverainement par l'équipe de l'atelier et sont issus des gouvernements, des institutions éducatives, des organisations non-gouvernementales (ONG) et des entreprises privées.
1 Atelier de Formation aux Réseaux pour les Pays aux Premiers Stades du Travail en Réseau.
2 INET est le forum annuel de l'Isoc (Ndt).
Intervention d'experts
L'Internet Society espère bientôt démarrer son programmme d'intervention d'experts pour faciliter le développement dans les pays émergeants en aidant le gouvernement, le secteur privé, le secteur à but non lucratif et les ONG à mettre en place d'un Internet stable. Et la société espère rapidement trouver des fonds pour mettre en oeuvre ce programme.
Le programme d'intervention d'experts proposera aux pays intéressés une assistance à court terme dans le domaine de l'introduction de l'Internet, de la technologie, de la stratégie et de l'utilisation. Le programme vise en particulier les obstacles d'ordre légal, réglementaire, technique et éducatif qui nécessitent souvent une expertise extérieure. L'intervention d'un expert approprié durant une courte période peut aider à faire disparaître l'obstacle et peut fournir une information substantielle à propos de l'Internet et des façons additionnelles de l'utiliser. De telles visites peuvent accélérer la formation de nouveaux chapitres de l'Internet Society : des groupes autonomes accumulant et partageant leur propre expertise dans le domaine.
Comme pour les ateliers de formation aux réseaux, le programme d'intervention d'experts s'appuiera presque en totalité sur le bénévolat des membres de l'Internet Society et de la plus grande communauté Internet. Un tel bénévolat est un produit de la culture Internet. Ayant ses racines dans l'éducation et la recherche, cette culture concrétise l'esprit de partage –une éthique qui reste forte et peut fournir la plus grande part ou la totalité de l'expertise nécessaire pour ce programme.
Autres initiatives
L'Internet Society est engagée dans d'autres initiatives de développement. Bien que cela ne soit pas largement connu, les membres de l'Internet Society rédigèrent la proposition initiale qui
aboutit à la formation de l'initiative gouvernementale Leland visant à developper les réseaux dans
20 pays africains dans les cinq prochaines années. Les membres de l'Internet Society ont participé en tant que consultants auprès des organisations d'aide bilatérales et multilatérales, et également auprès des ONG.
Le personnel de l'atelier "Pays en Développement" participa en tant d'instructeurs dans plusieurs autres ateliers sponsorisés par d'autres organisations, dont l'Atelier des Technologies Avancées de l'OTAN à Kiev en Ukraine et à Saint Pétersbourg en Russie ainsi que dans l'atelier UNDP/UNESCO/ITU qui se déroulera d'ici peu à Accra au Ghana. La série d'ateliers de l'Association des Réseaux d'Europe centrale et de l'Est (CEENET) qui s'est tenue en 1995 à Varsovie en Pologne et en 1996 à Budapest en Hongrie, a été encadrée par des animateurs formés dans les ateliers de l'Internet Society. La CEENET est maintenant auto-suffisante dans ses capacités de formation et dirige ses efforts vers l'Europe de l'Est. Les formateurs de l'Internet Society sont reconnus par la communauté internationale des réseaux comme des gens qui comprennent les enjeux de la formation dans les environnements en développement et qui peuvent apprendre aux autres comment obtenir le succès dans ces environnements.
Un mandat plus large ?
Il est peut-être temps de s'intéresser en quoi l'Internet Society peut et doit élargir son mandat vis-à-vis du monde en voie de développement. Le besoin d'assistance est clair, et la fourniture de bénévoles volontaires et compétents doit continuer. Une aide financière serait, bien entendu, nécessaire pour la plupart de ces initiatives.
Des propositions informelles d'activités ne manquent pas. La formation d'une IDTF (Internet Development Task Force) se concentrant sur les activités de ce domaine a été suggérée. D'autres projets ont été formulés : une assistance à l'Afrique pour la formation d'un registre des protocoles Internet africains, la création d'ateliers régionaux de formation, une bourse pour les étudiants des pays en voie de développement et une équipe d'instructeurs dotés de savoir-faire et disponibles pour aider les autres initiatives de formation. Cette liste peut être complétée facilement.
Conclusion
En favorisant l'introduction et la progression de l'Internet, l'Internet Society –remplissant son mandat consistant à assurer la coopération et la coordination dans l'évolution de l'Internet global– s'est employée à prendre en compte les questions auxquelles est confronté le monde en voie de développement. A ce jour, les efforts de l'ISOC ont porté sur la formation, et la contribution à cette activité a été substantielle. Nous devons tous penser à des voies supplémentaires pour favoriser le volontariat et le sens du partage dans notre communauté et dans notre société de façon à garantir que les avantages du Net soient partagés par les pays en voie de développement. Vos réflexions en tant que membres de la société sont les bienvenues.
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