Partie précédente du texteSuite du texte 

    L'huissier.

    « Monsieur Henri Jousselin, président de l'Institut de l'Hypermonde. »

    Le président.

    « Votre nom, votre prénom, monsieur ?

    -- Henri Jousselin.

    -- Votre âge ?

    -- Quarante-cinq ans.

    -- Votre profession ?

    -- Je suis consultant.

    -- Et président de l'Institut de l'Hypermonde. La ville de votre domicile professionnel ?

    -- Nantes.

    -- Est-ce que vous connaissiez l'accusée avant les faits qui lui sont reprochés ?

    -- Oui.

    -- Est-ce que vous estimez être parent ou allié de l'accusée ?

    -- Non.

    -- Vous jurez de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité, rien que la vérité, vous levez la main droite et vous dites : je le jure.

    -- Je le jure !

    -- Monsieur Jousselin, est-ce que vous vous sentez au-dessus des autres par rapport à Internet, c'est-à-dire au-dessus des problèmes qu'ont les autres ? C'est un peu le sentiment que l'on a en lisant ce que vous avez dit dans le dossier. »

    Henri Jousselin.

    « Non, Internet permet de pouvoir être avec les autres. Pour pouvoir expliquer ce qu'apporte l'Internet, qui pour moi est un outil extraordinaire de travail, je voudrais expliquer que mes activités sont multiples comme vous avez pu le souligner, puisqu'en dehors de mes activités de consultant, je suis en charge d'un certain nombre d'autres activités.

    L'utilisation de l'Internet me permet de pouvoir exercer mes différentes activités de façon tout à fait extraordinaire. Je suis, dans mon métier de consultant, expert en groupware -- je ne reviendrai pas sur la définition qu'a brillamment… »

    Le président.

    « Je voudrais simplement vous dire que vous venez d'employer un mot anglais et que, depuis 1539 et François Ier , il est interdit dans les enceintes de justice de parler autre chose que le français.

    -- Oui… alors… groupware : l'Académie française a proposé d'utiliser le mot collecticiel qui, à mon avis, est très très réducteur dans l'acte de pouvoir travailler de façon collaborative. En fait, dans le mot collecticiel, il y a le mot collectivité qui veut dire que dans la forme de partage, il faut réunir et mettre en collectivité les moyens. Ceci est à mon avis très réducteur dans l'expression de ce que peut-être le groupware puisqu'en fait, dans la façon de pouvoir travailler ensemble par l'utilisation de ces technologies dont l'Internet fait partie, il faut faire que l'ensemble des acteurs qui veulent travailler sur un dossier ou sur un projet puissent être à même de travailler chacun à leur rythme et participer à distance en travaillant de façon séparée. Et donc, le mot -- je m'excuse -- groupware est un mot qui trouve difficilement sa traduction potentielle. Il traduit une autre façon de pouvoir travailler par l'utilisation de ces technologies : travailler à distance sur un projet avec un certain nombre de collaborateurs. L'exemple de la fête de l'Internet montre qu'il aurait été impossible d'organiser, sans Internet, les différentes manifestations de façon efficace, avec autant d'acteurs et autant d'activités.

    La messagerie électronique que l'on utilise au travers de l'Internet permet de faciliter l'envoi d'informations mais Internet permet aussi d'avoir des espaces dans lesquels trouver l'information disponible, à n'importe quel moment, sans avoir à courir pour la rechercher et donc sans perdre du temps pour aller la rechercher.

    On peut avoir des espaces dans lesquels venir la chercher et d'autres espaces dans lesquels on peut travailler, où l'on peut émettre des avis à son rythme et où les autres collaborateurs avec lesquels on doit travailler peuvent aussi émettre leurs avis et leurs opinions. Cela permet d'avancer sur des projets de façon asynchrone -- chacun à son rythme -- pour organiser sa vie et ses activités un peu aussi en fonction de son biorythme. Vous savez très bien que nous ne sommes pas performants, tout un chacun, tous les jours, de 8 h à 18 h.

    Par l'utilisation de l'Internet, on arrive à travailler les moments où on est le plus efficace dans la journée et ceci est tout à fait fondamental.

    Autre témoignage que je voudrais apporter sur l'utilisation de l'Internet et de ces nouvelles façons de travailler : je crois que l'Internet permet de rendre les contacts plus humains. Je pense qu'il faut l'expliquer.

    On passe en général, dans tous les moments de la vie, beaucoup de temps en réunion ou au téléphone pour se dire des banalités. Ces banalités, qui sont ce que je pourrais appeler l'ordinaire du quotidien, sont nécessaires dans toutes les organisations, qu'elles soient familiales ou d'entreprises. Finalement, on perd beaucoup de temps et on se lasse à écouter un certain nombre de choses qui ne nous passionnent pas, ce qui fait que dans beaucoup de réunions, beaucoup de gens lisent ou font leur courrier alors qu'on leur parle. Alors, si vous voulez, ce temps ordinaire, hors utilisation de l'Internet, on voit qu'on en gaspille beaucoup. L'utilisation de l'Internet et de cette nouvelle façon de travailler nous permet de pouvoir faire que ces choses nécessaires -- mais pas très passionnantes -- puissent être collectées et rassemblées dans un endroit où tout un chacun vient les trouver à son moment, quand il en a besoin, pour pouvoir les consulter.

    À ce moment là, les réunions, qui sont quand même nécessaires, ne servent plus à écouter inutilement parler les autres mais plutôt à faire en sorte que chacun puisse apporter ce qu'apporte l'Homme : sa créativité dans ce nouvel espace dans lequel nous entrons.

    Je pense donc -- ce serait ça mon témoignage -- que l'Internet rend les choses beaucoup plus humaines. »

    Le président.

    « La cour vous remercie. Je vous demande de rester à votre place, s'il vous plaît. Je vais demander à l'expert et au témoin de revenir à la barre pour répondre aux questions -- vous aussi, s'il vous plait, monsieur le psychiatre -- que vont vous poser la partie civile et la défense. »

    Partie précédente du texteSuite du texte 

     

Audition de Henri Jousselin
Accueil Rétrospective Procès Loi OnTheInternet Pics Contact
Avant-propos
Introduction
Chefs d'inculpation
Inculpation 1
Jury
Partie civile
Témoins, experts
Interrogatoire
Lecture de l'acte
Demande report
A. Miller
Q. Miller
A. Lasfargues
A. Soriano
A. Jousselin
Q. témoins
Pièces
Reprise
Partie civile
Avocat général
Défense
Inculpation 2
Lecture de l'acte
Témoins, experts
A. Guglielmi
A. Aumont
Q. témoins
A. Pouzin
A. Georges
Q. témoins
Partie civile
Avocat général
Défense
Accusé
Verdict
Inculpation 3
Jury
Lecture de l'acte
Interrogatoire
Pièces
Témoins, experts
A. Mathias
A. Martin Lalande
A. Léon
A. Pélissier
A. Godin
Q. témoins
Partie civile
Avocat général
Défense
Inculpation 4
Lecture de l'acte
Témoins, experts
Pièces
A. Villain
A. Beaussant
A. Novaro
A. Soubeyrand
Q. témoins
Partie civile
Partie civile
Avocat général
Défense
Clôture
Verdict, sentence
Mot de la fin
Interventions
Organisation
Tournage
Partenaires

© 1998-2001 denoue.org