Lorsque l'idée de personnifier le réseau Internet, de le mettre dans la peau
d'un accusé placé au centre d'une cour d'assises se fit jour, nombreux ont été ceux qui ont pensé que les précurseurs de ce projet allaient à contresens de la fête de l'Internet.
Il faut dire qu'à la fin de l'année 1997, un certain nombre d'affaires médiatisées étaient venues jeter le trouble sur le réseau Internet. Le refuge des pédophiles, des liberticides, des racistes, des négationnistes, le développement de ce discours risquait d'engendrer les comportements négatifs de nos concitoyens au moment où leur effort était nécessaire pour créer l'effet club indispensable à tout phénomène de masse.
Ainsi, par l'étude de ces accusations, leur discussion, certains pensaient qu'on allait apporter du crédit aux détracteurs d'Internet.
La suite leur a donné tort et la densité, la qualité des débats ci-après retranscrits en est la preuve flagrante. Pourtant, sans tabous sans idées préconçues, les débats ont été libres, les accusations contre Internet rudes et la défense parfois difficile. Le pari était donc risqué.
Cet événement est, dans ces conditions, une leçon pour tous. Pour les citoyens que nous sommes, il rappelle qu'il ne saurait y avoir d'échanges d'idées sans débats, controverses, voire disputes d'une certaine tenue. Pour les supporters d'Internet que nous sommes, il rappelle que nos sociétés ne sauront s'organiser, comme c'est prévisible, autour de ce phénomène sans une adhésion profonde et volontaire même de ceux qui ont les plus grandes réticences. Enfin, pour les sceptiques voire les opposants à la société en réseau, il démontre déjà que l'intérêt voire la passion suscitée vaut peut-être la peine de s'y attarder de plus près.
Etablir les actes d'une telle manifestation, c'était apporter la touche finale à ce projet ambitieux qui s'est réalisé. C'était fixer sur un support durable, des débats bien réels sur un sujet virtuel.
Tous nos remerciements pour ce travail colossal vont à Chantal et Robert. Dans la phase de préparation et le cours de la manifestation, ils nous ont permis, comme les autres bénévoles, par leur abnégation et leur travail, de vivre des moments inoubliables. Par leur travail de transcription, ils nous permettront de nous en souvenir et de les méditer.
Que la fête continue…
Olivier Iteanu
Secrétaire général de l'Internet Society France
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