L'avocat de la défense.

« Monsieur le président, si vous le permettez, j'aimerais demander le report de ce procès.

-- Ha !

-- Il me semble en effet que la jeunesse de l'accusé, la jeunesse de l'institution, empêche tout procès aujourd'hui, en tout cas, tout procès tel qu'on le peut faire, c'est-à-dire tout procès en sorcellerie. La jeunesse impose une maturité, cette maturité, me semble-t-il, l'accusé ne l'aura que vers 2050, je demande le report de ce procès à l'année 2050.

-- Quel âge a l'accusée d'abord ? Vous êtes née en quelque année déjà ?

-- 1972. »

Le président aux assesseurs.

« Oh ! Elle est un peu majeure non ? Qu'est-ce que vous en pensez… »

L'avocat de la partie civile.

« Elle paraît à peu près majeure.

-- Quelles sont les observations… sur cette demande de report, quelles sont les observations, d'abord, de la partie civile ?

-- D'abord, quant au report pour la minorité, ça ne paraît pas être une bonne solution, ce serait éventuellement à huis clos. Ce serait assez dommage. Mais au surplus, étant née en 72, il me semble qu'elle a atteint une majorité, je ne sais pas intellectuelle, mais en tout cas pénale. »

L'avocat de la défense.

« Ce n'est pas, monsieur le président, un report pour minorité, mais pour maturité.

-- Madame l'avocat général ? »

L'avocat général.

« Monsieur le président, il me semble tout d'abord, que Internet est majeure, donc il n'y a pas lieu de reporter ce procès. Et, en ce qui concerne la maturité, Internet est déjà un réseau constitué, ce n'est absolument pas la peine d'attendre qu'elle commette de nouveaux méfaits et que la gravité s'en ressente encore plus. »

Un autre avocat de la défense.

« Monsieur le président, j'ai entendu le terme prostituée. Avez-vous dit prostituée ou constituée ? »

Rires de la salle.

« Constitué ! »

Le président.

« Il faut parler dans les micros ! La cour, après en avoir délibéré, constate qu'Internet a acquis suffisamment de majorité pour être jugée et que, de toute façon, en 2050, l'ensemble de ses membres ne serait plus là. Ça ne vaut pas la peine de renvoyer le procès.

On va donc entendre le premier témoin, monsieur Gérard Miller. Si voulez bien l'appeler à la barre… »