Le document que vous allez lire relate les débats de ce qu'on a appelé le procès de l'Internet.
Il s'agit d'un procès simulé qui se s'est déroulé en mars 1998 durant les deux jours de la première fête de l'Internet, un événement organisé par des associations d'utilisateurs de l'Internet aidées des pouvoirs publics et de quelques entreprises privées.
Le procès est l'idée d'Olivier Iteanu, avocat, membre de l'Internet Society, une association qui regroupe des personnes et des organismes partout dans le monde et dont le but consiste en la promotion du réseau Internet.
Depuis longtemps, défenseurs et opposants d'Internet se sont lancé leurs arguments à la face, tentant de convaincre les indécis. Ont-ils raison ou tort ? Probablement un peu des deux à la fois.
Certains médias-tarte-à-la-crème ajoutèrent à la confusion. Mais qui croire ? Les fossoyeurs qui vous laissent entendre que vous connecter à l'Internet est le meilleur moyen de recevoir chaque jour des dizaines de photos à connotation pédophile ? Les éternels optimistes qui vous présentent un réseau révolutionnaire capable de changer la face du monde, de remettre la citoyenneté en valeur et de vaincre l'exclusion ?
Qui croire ? Personne sans doute ! Mieux vaut observer pour se forger une opinion. Encore faudrait-il pouvoir accéder aux informations originales présentées dans leur intégralité, dans leur contexte.
Olivier Iteanu trouva ce moyen simple mais efficace de réconcilier tout le monde. Il allait permettre à chacun de se faire une idée personnelle en écoutant douze heures durant, un échantillon diversifié de personnes. Certaines connaissaient le réseau par son coté utile, d'autres par ses effets néfastes, d'autres s'interrogeaient sur la place du réseau dans la société… Mais chacune pouvait parler concrètement, sans effet spectaculaire et devant ses contradicteurs.
Si plusieurs centaines de personnes purent assister aux audiences et si plusieurs centaines de milliers accédèrent également au site Web du procès et aux images diffusées en ligne, il n'en demeure pas moins utile de proposer aujourd'hui cette transcription écrite des débats.
Ce qui s'est dit est reproduit à partir des enregistrements vidéo continus.
Chaque intervention, qu'elle soit en faveur ou à l'encontre de l'accusé, est en elle-même d'une richesse impressionnante. Toutes méritent d'être disséquées, approfondies, complétées. Il y a là matière à de multiples mémoires d'étudiants, matière à débats pour les associations d'internautes et les associations de consommateurs. Enfin ce qui a été révélé sous serment est aussi matière à une interrogation et à une réflexion de société.
Le procès de l'Internet fut un événement pédagogique, culturel et social important dans le monde de ces technologies qu'on dit nouvelles. Derrière ce sigle NT IC, comme on pourra le voir, il y a une énorme aspiration humaine mais aussi commerciale et peut-être un défi aux nations et aux Hommes qui les constituent.
Allons donc voir ce qu'on reprocha à l'Internet, comment il se défendit et comment il fut jugé en ce jour d'équinoxe de printemps -- moment où, dans la nature, la clarté s'impose à la nuit.
Robert Denoue
vice-président de l'Internet Society France.
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